le Baclofène : un remède pour l’Alcoolisme ? Mon Expérience

Je vais aujourd’hui vous parler de mon expérience avec un médicament qui s’appelle le Baclofène.

Aujourd’hui, j’aide les autres en ligne et je travaille dans un centre de désintoxication. Mais je ne suis ni médecin ni alcoologue, donc je ne vous conseille pas d’en prendre sans consultation préalable avec votre médecin traitant.

L’arrêt de l’alcool fut un combat dur et long pour moi. Je suis aujourd’hui abstinent et heureux de l’être. J’utilise plusieurs outils que j’ai évoqués dans ma vidéo précédente et qui n’incluent aucun médicament.

Je vais vous raconter mon expérience avec ce médicament, le Baclofène, qui, à une époque, m’a permis de réduire ma consommation. Le Baclofène est à la base un relaxant musculaire utilisé pour la spasticité musculaire, et il est également employé pour traiter le craving d’alcool à 30 mg par jour depuis environ trente ans. Il a été expérimenté à haute dose pour la première fois par un Français nommé Olivier Ameisen, un cardiologue très connu et talentueux qui a tout perdu à cause de son addiction à l’alcool. Alors qu’il était en train d’en mourir, il est tombé sur une étude où des rats addicts à l’alcool et à la cocaïne réduisaient leur consommation avec 1 mg et arrêtaient totalement à 3 mg. Ils perdaient tout intérêt à appuyer sur la pédale qui leur procurait leur dose et recommençaient à s’alimenter et à boire de l’eau normalement.

Olivier Ameisen a calculé que, vu son poids, il pourrait peut-être arrêter de consommer à environ 300 mg. Il a commencé à expérimenter sur lui-même des doses croissantes de Baclofène et, en effet, à 270 mg, il a décrit dans son livre une indifférence totale à l’alcool; l’envie irrépressible de boire avait tout simplement disparu.

Son livre, « Le Dernier Verre », est devenu un best-seller qui a permis à des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes d’arrêter de boire. Mais attention, le Baclofène marche pour certains et n’a aucun effet pour d’autres.

Je vais maintenant vous parler de mon expérience avec ce médicament.

Lors de ma prise de conscience de mon problème d’alcool, je suis allé consulter un alcoologue à Bruxelles. Je n’avais pas vraiment le désir d’arrêter de boire; je voulais juste réduire ma consommation et espérais à nouveau pouvoir boire comme tout le monde. Étant barman de métier et même champion de Belgique à l’époque, toute ma vie tournait autour de l’alcool. Il était donc hors de question pour moi d’arrêter ma profession et d’arrêter de boire, car à l’époque, ce n’était pas le problème, mais la solution à mon mal-être général et en quelque sorte mon lubrifiant social qui me permettait d’être à l’aise avec mon entourage.

Mais je voulais néanmoins réduire ma consommation, car celle-ci commençait à devenir hors de contrôle. Je voulais d’abord faire une pause à cause de soucis de santé et, pour commencer, mon alcoologue m’a proposé un médicament appelé Antabuse. Lorsque l’on prend ce médicament, il est formellement interdit de boire sinon cela provoque une réaction horrible, on devient très malade et on risque de finir aux urgences.

Ce médicament ne m’a pas aidé du tout car il ne réglait pas le problème. J’avais toujours le craving, ce besoin irrépressible de boire, et c’était un enfer de vivre comme cela. Ensuite, j’ai essayé un médicament qui cible ce craving, c’est actuellement le médicament le plus en vogue pour traiter l’alcoolisme, c’est la naltrexone, qui a un effet anti-opioïde. En gros, il enlève l’effet positif de l’alcool. On boit, mais il ne se passe presque plus rien, et certaines personnes arrivent à diminuer leur consommation vu le manque d’effet qu’il procure. Pour moi, ce fut totalement l’opposé; cela me frustrait de ne rien ressentir, de ne plus avoir l’effet, donc je buvais encore plus qu’avant, et la naltrexone me rendait anxieux voire nerveux, ce qui décuplait l’envie irrépressible de boire. Donc, un médicament qui n’a absolument pas fonctionné pour moi.

Puis, j’ai essayé le Baclofène, et c’est pour cela que j’en fais une vidéo aujourd’hui, car j’ai vraiment ressenti une baisse du craving. Ma consommation d’alcool a diminué; elle restait néanmoins bien trop élevée, mais j’arrivais à m’arrêter après 5 à 8 verres, alors qu’avant, c’était sans limite, allant jusqu’à 15-25 verres.

J’étais en quelque sorte arrivé à mon but, la diminution de ma consommation. Mais, et il y a un mais, un énorme MAIS. Il faut dire que ce n’est pas fun de boire sous Baclofène vu les effets secondaires que cela engendre. Cela va être un des points principaux de cette vidéo, car le problème est là. Il y a des effets secondaires, ils sont très importants pour certains et presque inexistants pour d’autres.

Pour ma part, le plus important fut l’insomnie. Déjà que l’alcool n’est pas le meilleur ami du sommeil, mais couplé au Baclofène, je ne pouvais tout simplement plus fermer l’œil de la nuit. Donc, j’ai pris en plus des Valium pour dormir. Et je suis entré dans un cycle médicaments-alcool qui a engendré déprime, anxiété et qui au final n’en valait vraiment pas la peine.

Étant sur le forum Baclofène dont je mets le lien en dessous, c’est un très bon forum avec des gens qui s’y connaissent bien et prêts à vous conseiller. On m’a conseillé d’essayer d’arrêter de boire. Après tout, ce médicament n’est pas fait pour boire normalement mais est fait pour arrêter de boire. Ce médicament marche mieux si l’on ne boit pas. On m’a dit que mes effets secondaires disparaîtraient, que l’indifférence à l’alcool arriverait à une certaine dose et que je ne serais par conséquent plus intéressé à boire. Donc j’ai essayé.

Mon expérience fut qu’il m’a été assez facile d’arrêter de boire contrairement aux expériences passées. J’ai continué à augmenter les doses et à 180 mg, j’ai ressenti une espèce d’indifférence à l’alcool. Je n’avais plus envie de boire, mais les effets secondaires étaient toujours présents. J’avais toujours mes problèmes de sommeil.

L’autre problème est que je n’étais pas juste indifférent à l’alcool, j’étais indifférent tout court. Je n’avais plus envie de rien, plus envie de sexe (un des effets secondaires du Baclofène, je précise, il ne s’applique pas à tous, mais je l’ai personnellement vécu). Je n’avais simplement plus envie de rien, et bizarrement cela me manquait même de ne plus avoir du tout envie de boire, qui était à l’époque mon grand plaisir dans la vie et mon seul moyen de socialiser et de me sentir bien.

J’ai continué pendant cinq mois et, en effet, les effets secondaires ont commencé à diminuer. Mais cela ne m’a pas enlevé mon alcoolisme. Je m’explique, il y a deux types de dépendance à l’alcool : les alcooliques qui ont la maladie de l’addiction et ceux qui deviennent addicts à l’alcool parce que l’alcool est une drogue au même titre que la cocaïne ou l’héroïne. N’importe qui peut en devenir dépendant (comme les rats dont on a parlé plus haut, j’y reviendrai plus tard).

Je pense que le Baclofène peut très bien marcher pour les gens qui ont développé une addiction à l’alcool mais ne soigne pas les gens qui ont la maladie de l’addiction. Moi, je sais que j’ai cette maladie depuis tout petit. Ce sentiment d’être différent des autres, ce sentiment d’être mal dans ma peau, mal à l’aise, de ne pas être à ma place dans ce monde et d’avoir besoin de quelque chose pour me sentir mieux. Et dans les groupes de soutien, on a tous ce genre de caractéristiques entre addicts, et là, on peut reconnaître les alcooliques et les gens qui ont un problème d’alcool.

Le Baclofène ne guérit pas de l’alcoolisme, il ne guérit pas de la maladie de l’addiction. La maladie de l’addiction est beaucoup trop vaste pour être guérie par un seul médicament.

Comment savoir si vous avez la maladie de l’addiction, me demanderez-vous ? C’est simple. Pour ma part, je suis addict à tout ce qui me procure du plaisir, tout ce qui me change de mon état de mal-être dans le moment présent. L’alcool bien sûr et n’importe quel autre produit qui modifie le comportement. Mais plus encore, je vous donne un exemple : les gens normaux achètent un pot de glace, le mettent dans le congélateur et le pot leur fait la semaine. Moi, j’achète un pot de glace, je finis le pot de glace en une heure. Et cela c’est pareil pour tout ce qui me procure du plaisir. Donc je dois modérer certaines choses comme certaines nourritures, certaines activités, certains comportements et je dois complètement m’abstenir de produits qui me détruisent comme l’alcool et les drogues.

L’addiction, c’est la maladie des émotions. On a du mal à vivre avec soi-même et avec les autres. On a du mal à gérer ses émotions et on a ce besoin irrépressible de se sentir différent. Le plus merveilleux changement dans ma vie fut mon premier verre d’alcool. J’ai su que j’étais enfin moi. Je pouvais m’exprimer comme je le désirais, me faire des amis, séduire mes premières copines, danser. Il m’était inconcevable d’imaginer danser en boîte de nuit à l’époque. Mes parents croyaient presque que j’étais autiste, à rester dans ma chambre toute la journée sans voir personne. Premier verre d’alcool à 15 ans, du jour au lendemain, ils ne m’ont plus vu. Je sortais tous les soirs, ma vie commençait. Mais c’est comme cela avec l’alcool : d’abord, c’est le bonheur, puis c’est le bonheur avec conséquences, et ensuite, ce ne sont que les conséquences, d’où l’arrêt obligatoire. Pour retrouver ce bien-être, cette confiance en soi, il faut beaucoup de travail et sur plusieurs aspects : travail d’ordre spirituel, physique, intellectuel, relationnel, émotionnel. Et cela ne se résume pas à la prise unique d’un médicament.

Olivier Ameisen dit que ce médicament a mis fin à son addiction et il décrit qu’avant son mal-être était dû au fait d’être tendu musculairement et crispé tout le temps. D’où le Baclofène, un décontractant musculaire, cela l’a relaxé, l’indifférence à l’alcool est arrivée, il a pu reprendre sa carrière de cardiologue, de pianiste et d’écrivain à succès grâce à son best-seller pour arrêter de boire. Tout cela a renforcé sa résilience à rester sobre.

La plupart des gens qui sont au fond du trou n’ont pas forcément une carrière devant eux, ne sont pas forcément connectés à d’autres personnes qui ont des problèmes d’alcool (chose importante à faire, la connexion à d’autres alcooliques comme les AA). Ils ont besoin de retrouver des buts et eux aussi d’aider les autres. Cette case qu’Olivier a cochée avec son livre, il est clair qu’il a aidé des milliers et des milliers de personnes et aider les autres est aussi un des principaux piliers du rétablissement. Donc Olivier a réuni tous ces aspects pour son rétablissement.

Mais la grosse parenthèse que je veux faire dans la découverte d’Olivier Ameisen est que nous ne sommes pas faits comme les rats. La dépendance des rats a disparu, mais les rats n’ont pas la partie du cerveau qui crée la pensée, la dépression, l’anxiété, le mal-être, les émotions. Et vu que l’addiction vit dans la tête et que c’est la maladie des émotions, ce qui marche pour le rat ne marche pas forcément pour l’homme. Chez les rats, la dépendance est induite de manière artificielle en les exposant à une substance addictive. Ils n’ont pas de prédisposition biologique ou psychologique à la dépendance comme cela est le cas chez les humains. Les rats n’ont pas la maladie de l’addiction, on les a rendus addicts à la cocaïne et à l’alcool, un peu comme certains gros buveurs qui sont devenus dépendants de cette drogue qu’est l’alcool sans avoir la maladie de l’addiction. Ceux pour qui le Baclofène marche le mieux.

Un autre exemple : une des drogues les plus addictives au monde, l’héroïne. Vous savez, 90 % des soldats américains au Vietnam qui sont devenus addicts à l’héroïne n’y ont plus jamais touché après leur retour aux États-Unis. Un nombre éloquent sachant qu’environ 10 % de la population ont la maladie de l’addiction.

Je vous conseille, si vous êtes intéressé par ce médicament, d’aller lire les histoires sur le forum Baclofène. Vous y trouverez des histoires à succès et d’autres sans succès.

Je pense que si vous décidez d’essayer cette expérience avec le Baclofène, je l’associerais à des groupes de soutien pour arrêter de boire comme Alcooliques Anonymes, peut-être de la thérapie et du coaching. Apprendre à reprendre sa vie en main sans alcool, la reprise de nouvelles et bonnes habitudes comme le sport, la bonne alimentation, la méditation, le travail sur soi et d’autres activités sont indispensables à un rétablissement heureux et durable.

Néanmoins, certaines personnes sont trop brisées pour faire ce travail et rejoindre des groupes de soutien, et même oser en parler. Certains n’ont pas la force de se reprendre en main et ont besoin de quelque chose pour se sevrer, et le Baclofène peut être un premier pas vers la guérison. Et même si je le répète, je ne suis ni médecin ni alcoologue, je ne peux donc pas vous recommander quoi que ce soit. J’ai mon alcoologue à Bruxelles qui m’a à l’époque recommandé le Baclofène, et si vous êtes dans cette situation, je vous recommande d’en parler avec votre médecin traitant.

Pour ces personnes qui sont au fond du trou et qui ne s’en sortent pas, le Baclofène peut être une solution à envisager, car il permet à certaines personnes d’acquérir un certain nombre de jours de sobriété avant de pouvoir entreprendre le travail nécessaire vers la sobriété.

Et je pense que ceux qui sont au fond du trou devraient décider d’aller en cure de un voire plusieurs mois si nécessaire (en France c’est entièrement remboursé par la Sécurité sociale) et, en plus des soins proposés en cure, une association avec le Baclofène pourrait rendre le début du rétablissement plus facile, car il aide au sevrage alcoolique ainsi qu’à celui des benzodiazépines, souvent associé avec une surconsommation d’alcool.

Après, voilà, pour certains, le Baclofène marche et pour d’autres pas du tout. Certains n’ont aucun effet secondaire, certains en ont énormément. Certains sont indifférents à 60 mg, d’autres à 400 mg. Il n’y a donc aucune certitude. C’est un traitement à la carte et à chacun son propre traitement. C’est pour cela qu’il faut respecter un protocole de montée lente. On préconise de commencer à 15 mg par jour en trois prises et d’augmenter de 10 mg tous les quatre jours. Personnellement, j’augmentais de 10 mg par semaine à cause des effets secondaires. L’important est de ne pas augmenter trop vite au risque d’en souffrir beaucoup trop.

Pour conclure, je dirais que je ne suis ni pour ni contre le Baclofène. Cela dépend de la personne et de son expérience avec ce médicament. Mais je pense que ce médicament peut avoir sa place pour le traitement de la dépendance à l’alcool. Il a été un peu trop oublié depuis le boom du livre d’Olivier Ameisen, « Le Dernier Verre » en 2008, qui a permis à l’époque à des milliers de personnes de s’en sortir. Et si je fais cette vidéo aujourd’hui, c’est pour que l’on n’oublie pas ce médicament qui a sauvé beaucoup de vies et peut encore en sauver.

Voilà, j’espère que cette vidéo vous a plu. N’hésitez pas à vous abonner à la chaîne pour d’autres vidéos sur comment en finir avec l’alcoolisme et l’addiction. Et si vous avez besoin de coaching, n’hésitez pas à me contacter en privé et à vous inscrire sur ma mailing list. Le lien de mon site internet est dans la description de cette vidéo.

À bientôt !

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